Les Incontournables: Alexandra David Néel

Una donna fuori dal comune (1868 – 1969)

Un esempio di donna forte e coraggiosa che ha saputo forgiare il suo destino andando controcorrente.

Esprit libre, détestant toutes les conventions, cette fille d’un révolutionnaire français, qui avait dû s’exiler après le coup d’état de Napoléon III en 1851, a toujours eu le goût des voyages depuis sa jeunesse. C’est ce goût de l’aventure qui fera d’elle la première femme européenne à entrer à Lhassa, capitale du Tibet, interdite aux occidentaux, après de longues pérégrinations sur les montagnes de l’Himalaya.

Jeunesse et formation

À quinze ans elle fait sa première fugue en Angleterre, plus tard, elle parcourt à pied toute la côte belge et pour sa troisième fugue elle choisira l’Italie. Elle dira plus tard : « Ma mère, à qui j’avais donné de mes nouvelles, me rejoignit sur le bord du lac Majeur. Comme à chacune de mes incartades passées, elle dut se borner à des remontrances qui n’altéraient, en rien, la joie que je tirais de ces jours de vie libre au grand air, parmi des sites nouveaux ».

À 18 ans à peine, Alexandra quitte sa famille pour parcourir la France et l’Espagne à vélo. Puis elle s’installe à Londres, où, attirée d’abord par le protestantisme puis par les sociétés secrètes, elle abandonne le christianisme. Là elle rencontre le délégué du 13ème Dalaï Lama, qui fondera le premier temple bouddhiste en Europe. De retour en France, elle adhère à la société Théosophique[1] et poursuit ses études de philosophie et de langues orientales à la Sorbonne et au Collège de France.

La formation de cette jeune femme a été composite, ne se bornant pas aux bibliothèques, elle se lie d’amitié avec des anarchistes belges, des musiciens, des jeunes socialistes, mais aussi avec un grand géographe, Elisée Reclus, inventeur du mot et du concept de la « francophonie ». Anarchiste lui aussi, il signe la préface du pamphlet Pour la vie qu’Alexandra avait écrit avec un ami, Jean Haustont, pour diffuser les idées anarchistes. On y dénonçait les abus de l’État, de l’Armée, de la médecine, de l’église, de la finance. Le pamphlet est publié en 1890, aux frais de l’auteur, aux éditions de la « Bibliothèque des temps nouveaux », la même imprimerie bruxelloise de Bakounine et Tolstoï.

La carrière artistique et le mariage

Féministe avant la lettre, pour être indépendante aussi sous le profil financier, Alexandra, qui avait une belle voix et qui avait suivi des cours de chant au conservatoire, se consacre, à partir de 20 ans, à une carrière lyrique. Ce choix lui permet tout de suite de voyager en tant que chanteuse lyrique à travers l’Europe, l’Afrique du Nord et l’Indochine. Sous le pseudonyme de Mademoiselle Myrial, Alexandra connaît un véritable succès et obtient de nombreux engagements dans les théâtres.

En 1900, à Tunis, où elle se trouvait pour sa carrière artistique, Alexandra rencontre Philippe Néel, un ingénieur des Chemins de Fer. En 1902, elle décide d’abandonner sa carrière de cantatrice pour rester à Tunis avec Philippe et se lancer dans le journalisme et l’écriture de deux romans qui ne seront jamais publiés. Enfin, en 1904, à 36 ans, elle épouse finalement Philippe mais, n’étant pas faite pour le mariage, et malgré les nombreux voyages et croisières à bord du voilier l’Hirondelle, elle sombre dans la dépression. Après sept ans de mariage, pour la soigner, son mari lui propose un voyage en Asie pour compléter ses connaissances et écrire des livres à son retour en France. Il faut bien reconnaître que, si leur mariage était un peu turbulent, leurs rapports étaient toujours empreints d’un grand respect mutuel.

Alexandra_David-Neels_AsiaLe grand périple de l’Asie

Elle part donc le 9 août 1911, pour son troisième voyage en Inde, financé en partie par trois Ministères français. Il ne devait durer que 18 mois, mais il se prolonge au-delà de toute prévision, en partie à cause de la Première Guerre mondiale. Elle ne revient en France que 14 ans plus tard, en 1925. Pendant son grand tour de l’Asie Alexandra David Néel a le privilège de rencontrer le 13ème Dalaï Lama en exil, avec qui elle s’entretient sur des points précis du bouddhisme. Il lui conseille d’apprendre le tibétain, ce qu’elle fera, et elle lui avoue, à sa grande hilarité, qu’elle est la seule bouddhiste parisienne. Plus tard elle suivra les enseignement d’un des plus grands gomchens[2]. Dans sa caverne d’anachorète elle applique les méthodes des yogis tibétains ce qui lui vaudra l’appellatif bouddhiste de « Lampe de sagesse ». Elle se rend aussi au Sikkim dans de nombreux monastères tibétains pour parfaire sa connaissance du bouddhisme, et c’est là, qu’en 1914, elle rencontre dans un monastère, un jeune lama, Aphur Yongden, âgé d’à peine 15 ans qui deviendra son inséparable compagnon de voyage. En effet elle n’arrête pas de voyager, elle est à Calcutta, puis à la découverte des lieux où vécut le Bouddha, elle se rend dans son village natal au Népal, puis à Bénarès. Elle continue ses pérégrinations rencontrant partout des savants. Dans l’impossibilité de rentrer en Europe à cause de la Première Guerre Mondiale, Alexandra David Néel, toujours accompagnée du fidèle Yongdem, visite le Japon, la Corée et entre en Chine, à Pékin pour décider par la suite de la parcourir d’Est en Ouest à travers le désert de Gobi. Puis les deux reviennent au Tibet pendant trois ans pour tenter enfin de rejoindre Lhassa. Ils réussissent cet exploit et en 1924 ils entrent dans la ville sacrée déguisés en mendiants et en se mêlant à la foule. Ils restent à Lhassa deux mois, mais découverts, ils sont obligés de s’enfuir. Ce sera la fin de cette grande aventure car, enfin, fatigués, ils partent pour l’Europe et débarquent au Havre en 1925 entourés de célébrité. Le récit de son périple en Asie, Voyage d’une parisienne à Lhassa, est publié en 1927 à Paris, Londres et New York, mais il est accueilli froidement dans les milieux scientifiques.

Retournée en France avec le jeune lama tibétain, Aphur Yongden, qui deviendra son fils adoptif en 1929, Alexandra se sépare de son mari. Cependant Philippe et elle restent liés par une solide amitié. Philippe Néel avait joué en effet un rôle fondamental du point de vue financier et administratif, gérant les biens de sa femme pendant son absence et lui envoyant de temps en temps les sommes qu’elle lui demandait et lui offrant son propre soutien financier en cas de besoin. Leur correspondance continuera bien au-delà de leur séparation jusqu’à la mort de Philippe Néel. Par reconnaissance, Alexandra voudra toujours associer le patronyme de son époux au sien.

La pause et nouveaux voyages

Après tant de voyages, elle a besoin de repos et de méditation pour écrire ses livres, c’est pourquoi elle achète une petite maison à Digne-les-Bains qui, par ses montagnes, lui rappelle tellement le Tibet. Dans ce havre de paix, loin des gens, dans «la forteresse de méditation » elle prépare ses tournées de conférences en France et en Europe. Puis en 1937, à 69 ans, elle repart pour la Chine avec Yongden en transsibérien de Moscou pour aller étudier l’ancien taoïsme. Encore une fois elle arrive au milieu d’une terrible guerre, le conflit sino-japonais qui ravage le pays. Les deux traversent la Chine dévastée par la famine et les épidémies pour rejoindre enfin le Tibet, après mille péripéties. C’est pendant ce voyage qu’elle apprend en 1941 la mort de son mari, ce qui la touche profondément. Elle attend la fin de la guerre en Europe et en 1946, elle quitte définitivement l’Asie. Elle se retire enfin avec Yongden dans sa maison de Digne où elle continue d’écrire ses livres. En 1955, le lama meurt et Alexandra se retrouve seule à l’âge de 87 ans. Elle a pourtant la chance de trouver en Marie Madeleine Peyronnet une secrétaire d’un dévouement extraordinaire qui veillera sur elle jusqu’à la fin comme ne pourrait le faire qu’une fille rompue à toute épreuve. Mais cette femme hors du commun, n’arrête pas de nous étonner, à l’âge de cent ans et demi elle demande à refaire son passeport. Puis elle s’éteint en 1969, à presque 101 ans. Ses cendres ainsi que celle de Yongden seront dispersées dans le Gange par Marie Madeleine Peyronnet.

BIBLIOGRAFIA

  • [1] Société Théosophique : association internationale, fondée en 1875 à New York, qui a comme but le syncrétisme liant le bouddhisme, l’hindouisme et l’ésotérisme et d’une façon générale.
  • [2] Gomchens : espèce de yogi ou ascète.

Manuela Vico

a enseigné dans différents lycées (lycée linguistique, classique, agricole et commercial). De plus elle a tenu des cours pour adultes et étudiants de la «Scuola di Amministrazione Aziendale» de Turin où elle était également responsable de l’organisation des stages en France. Elle a été aussi chargée des cours de français à la Faculté d’Économie et Commerce. Elle est parmi les membres fondateurs de l’Alliance française de Cuneo, dont elle est la présidente. Elle est formatrice et collabore avec la maison d’édition Sanoma Italie. Elle est co-auteure de manuels scolaires, parmi lesquels Quelle chance et Objectif Esabac, et de Histoire de France en poche publiés par LANG Edizioni. Elle est journaliste.