Préparer les jeunes à un avenir européen : compétences et médiation en classe de FLE
La médiation, un atout précieux pour l'avenir
De nos jours, l’acquisition de compétences transversales, utiles aussi bien dans le contexte scolaire que professionnel, est l’un des enjeux majeurs de l’éducation. De la pensée critique à la résolution de problèmes, en passant par la créativité et la négociation, les compétences douces ou soft skills permettent aux élèves d’évoluer aussi bien en tant qu’apprenants que comme personnes. En ce qui concerne l’apprentissage des langues étrangères, outre l’acquisition des compétences transversales, l’interculturel intègre le volet linguistique dans la formation des élèves, appelés à devenir de plus en plus autonomes. Ce sont justement l’autonomie et la prise de conscience interculturelle qui permettent aux apprenants d’agir dans leur contexte quotidien et, en même temps, de quitter leur zone de confort pour devenir des acteurs du changement au niveau social, même dans le domaine international.
La crise provoquée par la pandémie de COVID-19 a posé des défis aux institutions, nationales et transnationales, qui ont décidé d’offrir aux jeunes citoyens des différents pays membres de l’UE des occasions de rencontre et d’échange sur des thèmes communs. C’est le cas du projet Lycée d’Europe, qui s’insère dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE, du 1er janvier au 30 juin 2022) : 82 jeunes provenant des 27 pays membres de l’UE, accompagnés de leurs enseignants, se rencontreront du 12 au 19 février 2022 à Strasbourg, pour aborder ensemble le thème : « Comment construire une société à l’échelle européenne ? ». La société européenne ne partage pas seulement une histoire, mais aussi des manières de vivre, des aspects culturels et des défis sur lesquels les jeunes qui participeront à cette expérience pourront se confronter et réfléchir ensemble. Le projet Lycée d’Europe se déroulera en cohérence avec les objectifs de l’Année scolaire européenne de la jeunesse 2021-2022, qui veut donner la parole aux jeunes et leur ouvrir de nouvelles perspectives après les difficultés liées à la pandémie.
La jeunesse a donc aujourd’hui plusieurs occasions pour travailler activement à la construction d’un avenir européen : comment l’apprentissage de la langue et de la culture francophone peut-il contribuer à atteindre cet objectif ? Savoir utiliser une langue en contexte de communication implique la capacité à gérer différentes situations communicatives informelles et formelles.
Parmi les activités communicatives langagières, la médiation joue désormais un rôle important : les jeunes apprennent à passer d’un registre de langue à l’autre, à médier des textes ou des contenus1. Ce sont toutefois souvent des situations de communication qui demandent de savoir médier et il est important que les élèves puissent se confronter à des situations de ce type pour apprendre à intervenir de façon autonome sur les questions centrales de la vie d’aujourd’hui, à être à même d’exprimer leur avis et de l’argumenter.
C’est pourquoi on a prévu des activités concernant la médiation à l’intérieur de la méthode Et à ton avis ? Apprendre le français aujourd’hui. Si, d’un côté, on propose des activités consacrées de façon explicite à la médiation à l’intérieur de pages concernant les compétences intégrées, de l’autre, la médiation intervient de façon implicite dans beaucoup d’activités proposées à l’oral, notamment dans des débats. C’est le cas de l’organisation d’un débat sur l’Union européenne : la classe est partagée en deux groupes contradictoires, qui sont appelés à préparer des arguments « pour » ou « contre ». Les élèves appartenant au premier groupe devront défendre l’Union européenne et ses institutions ; les élèves qui font partie du second groupe devront les remettre en cause en argumentant leurs positions, tandis que le professeur jouera le rôle de modérateur. Il est évident que, dans une activité de ce type, les jeunes apprennent à exprimer leur pensée critique, mais aussi à médier, en utilisant des stratégies de médiation utiles, notamment, dans des « discussions et réunions formelles »2. L’organisation d’un débat sur l’environnement visant la recherche de solutions concrètes dans la vie quotidienne de la classe permet, lui aussi, de mettre en jeu des compétences importantes : on y exerce entre autres la capacité à résoudre un problème, à proposer des solutions créatives. Le professeur, en tant que facilitateur, est appelé à gérer les tours de parole et à garantir la participation de tous les élèves au débat.
Parfois les jeunes doivent jouer le rôle de médiateurs avec des personnes plus âgées, qui n’ont souvent pas les mêmes compétences, surtout dans le domaine du numérique. C’est le cas de l’activité de communication suivante : l’élève doit donner des indications précises à son grand-père ou à sa grand-mère à propos de l’utilisation du smartphone et de l’ouverture d’un compte sur un réseau social. Il s’agit justement d’une activité de médiation entre les compétences et les registres de langue, parce qu’il faudra que les élèves utilisent des termes simples pour que la communication soit efficace. En outre les élèves devront ajouter des conseils pour éviter les dangers du numérique, ce qui représente un aspect fondamental même pour les compétences d’éducation civique3.
Ce type d’activité permet aussi d’affronter les « pour » et les « contre » du numérique et d’approfondir les aspects concernant la cybersécurité, la cyberdépendance et le cyberharcèlement, des thèmes abordés par le Safer Internet Day, organisé tous les ans au mois de février par la Commission européenne. Cette journée vise un Internet sans crainte4, à mesure d’enfant et de jeune, créatif et sécurisé. Parmi les dangers du numérique il y a les fakes news : dans ce domaine ce sont différents types de média – de la presse à Internet, aux réseaux sociaux – qui sont impliqués et qui concernent des langues et des registres différents. La prise de conscience de l’existence de l’infox – de la désinformation – et l’apprentissage d’outils utiles à le démasquer et à lutter contre la désinfodémie est donc très important pour les élèves ; des activités ciblées – comme celles que l’on propose à l’intérieur de la rubrique Les fake news à la loupe – peuvent donc être très efficaces. Cela est encore plus évident après la pandémie de COVID-195.
De ces jours, plus que jamais, il est donc très important que nos élèves soient informés de ce qui les entoure, qu’ils acquièrent des compétences transversales et qu’ils apprennent à agir et à médier à l’école comme dans les espaces officiels des institutions européennes : c’est à nous, les enseignants, dans nos classes, réelles et virtuelles, de leur permettre de grandir en exprimant « leur avis ».
- À propos du cadre méthodologique de la médiation, voir l’article de Tiziana Cignatta : « Et si on apprenait à médier ? L’importance de la médiation dans l’apprentissage du FLE » publié sur France Mag Pearson en février 2020.
- Cadre Européen Commun de Référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer. Volume complémentaire avec de nouveaux descripteurs, Conseil de l'Europe, 2018, p. 90, avec échelle de descripteurs.
- À ce propos voir: Cittadinanza digitale, pp. 2-3 de l’Allegato A Linee guida per l’insegnamento dell’educazione civica, D.M n. 35 del 22.06.2020.
- SID - Safer Internet Day - Internet Sans Crainte
- Cfr. Combattre la désinfodémie : travailler pour la vérité au temps de la COVID-19 (unesco.org)
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