Pourquoi enseigner la littérature aujourd’hui ?
La letteratura come strumento di comprensione e di crescita
Les jeunes d'aujourd'hui vivent dans un monde qui ne cesse de lancer de nouveaux défis, dont certains sont si forts et si déstabilisants qu'ils ont probablement une portée historique. Ces rapides changements, auxquels nous sommes confrontés quotidiennement, dessinent de nouveaux équilibres planétaires, ébranlent les consciences, remettent en question les modalités des relations interpersonnelles, exigent une action synergique et collective. À cela s'ajoute le rôle toujours plus présent et sophistiqué des nouvelles technologies ainsi que de l'intelligence artificielle. Dans un contexte si complexe et varié, il est clair que les études littéraires ont une fonction essentielle : aider les élèves à comprendre les phénomènes qui caractérisent notre époque, à en saisir les causes, les connexions et les conséquences. Cela ne peut se réaliser qu’à travers un large choix d’œuvres et d’auteurs, de stratégies et d'approches méthodologiques, de formes expressives, de langage et d’activités.
Le texte littéraire comme expérience immersive aujourd'hui
De tous les discours sur le monde, la littérature offre la plus grande variété de points de vue et de représentations. En proposer un choix riche et rigoureux favorise un apprentissage qui stimule la curiosité intellectuelle et l’esprit critique. L'élève doit être accompagné afin d’apprendre à utiliser dans divers domaines les compétences qu’il/elle a acquises par l'intermédiaire de l’étude littéraire. Pour lui donner l'opportunité de recourir à des notions linguistiques ou à des stratégies narratives et de construire de nouvelles compétences, il est nécessaire de mettre en place des pratiques actives et engageantes. En d'autres termes, il s’agit de lui faire expérimenter des modes de travail alliant rigueur d'analyse, esprit critique et créativité, tout en développant son autonomie et son esprit d'initiative.
Apprentissage pour la vie
On soulignera aussi que l'apprentissage de la littérature est organisé dans une perspective de continuité. L’enjeu est qu’il puisse accompagner les élèves tout au long de leur vie. Les études littéraires doivent être conduites de manière à sensibiliser l'élève non seulement à son rôle d'apprenant, mais aussi au processus de développement de ses habiletés, aux composantes de ce processus, aux stratégies adoptées et à adopter. Un élève conscient des démarches qu'il effectue dans son propre parcours d'apprentissage est un élève a priori plus « efficace ».
Quelle a été la motivation qui vous ont poussés à entreprendre ce nouveau projet ?
Le principe qui anime cette nouvelle littérature n’est autre que la volonté de nourrir l'envie de lire de nos jeunes. Voilà pourquoi les premières pages du tome 1 portent le titre Envie de lire : envie de lire dans le sens de connaître, de découvrir de nouvelles cultures, de les relier les unes aux autres. Pour comprendre, enfin, que la littérature et les arts font partie de notre vie et nous aident à comprendre le monde qui nous entoure.
Nous avons d'abord mis l’accent sur la pluralité, c'est pourquoi nous avons choisi le titre Pages plurielles. On parle ici de pluralité au sens de variété de textes, d'auteurs, de langues évidemment (pas seulement littérature, mais la peinture, la musique, le cinéma...), mais aussi de pluralité de points de vue et d'approches méthodologiques, pour répondre aux différentes aptitudes et curiosités des élèves.
Un autre point fort du projet réside sans aucun doute dans ce que nous avons appelé « l'actualisation », c'est-à-dire la relation constante entre le passé et le présent. L'objectif est de faire prendre conscience que les auteurs du passé ont encore beaucoup de choses à nous dire. Pourquoi le Candide de Voltaire a-t-il si souvent été réédité ces dernières années ? Pourquoi tant de romans et de films actuels s'inspirent-ils de Madame Bovary ? Et ce ne sont que deux exemples. Par ailleurs, nous avons consacré un espace spécifique aux objectifs de développement durable de l'agenda 2030. Ceci afin de démontrer que la littérature d'hier et d'aujourd'hui nous aide non seulement à réfléchir et à comprendre les grands enjeux sociétaux et éthiques, mais aussi à les atteindre.
J'aimerais conclure en rappelant le rôle fondamental que joue la littérature dans la vitalité du langage. Jean-Marie Gustave Le Clézio l’a admirablement illustré lors de son discours de réception du prix Nobel, en 2008 : « L’écrivain, le poète, le romancier, sont des créateurs. Cela ne veut pas dire qu’ils inventent le langage, cela veut dire qu’ils l’utilisent pour créer de la beauté, de la pensée, de l’image. C’est pourquoi l’on ne saurait se passer d’eux. Le langage est l’invention la plus extraordinaire de l’humanité, celle qui précède tout, partage tout. Sans le langage, pas de sciences, pas de technique, pas de lois, pas d’art, pas d’amour. Mais cette invention, sans l’apport des locuteurs, devient virtuelle. Elle peut s’anémier, se réduire, disparaître. Les écrivains, dans une certaine mesure, en sont les gardiens. Quand ils écrivent leurs romans, leurs poèmes, leur théâtre, ils font vivre le langage. Ils n’utilisent pas les mots, mais au contraire ils sont au service du langage. Ils le célèbrent, l’aiguisent, le transforment, parce que le langage est vivant par eux, à travers eux et accompagne les transformations sociales ou économiques de leur époque ».
Referenze iconografiche: Protasov AN/Shutterstock