Dans un parcours d'apprentissage, le cours de grammaire est l’étape où les élèves entament un processus cognitif qui leur permet de découvrir les mécanismes régissant la langue. Quelle stratégie l'enseignant doit-il adopter lors de cette phase ? Est-il préférable d'utiliser une approche déductive ou bien une approche inductive ? Voilà des questions que mes co-autrices et moi nous sommes bien entendu posées au moment d’élaborer la méthode Français Pluriel.
Tout d'abord, rappelons que le terme « déduction » renvoie à une démarche partant du général pour aller vers le particulier, alors que le terme « induction » renvoie à la démarche inverse.
Selon l'approche déductive,
- l'enseignant explique la règle,
- l'illustre par des exemples,
- invite les élèves à l'appliquer,
- vérifie que leur interprétation est correcte.
Selon l’approche inductive,
- les élèves observent un corpus (composé de quelques phrases) où il leur est demandé de reporter leur attention sur un point grammatical spécifique,
- ils émettent des hypothèses sur la nouvelle règle,
- l’enseignant confirme ou infirme ces hypothèses,
- les élèves formulent la règle grammaticale.
Moins nettement focalisée sur l'apprenant que l'approche inductive, l’approche déductive est en général perçue comme étant plus explicite et donc plus rassurante. En outre, elle permet d’approfondir et de revenir aisément sur certaines notions. C’est pourquoi nous lui avons réservé une place importante, notre objectif étant de proposer une grammaire souple et alerte destinée à devenir un repère stable pour les apprenants (voir les sections « Etape grammaire » des volumes 1 et 2).
Quant à l’approche inductive, elle se distingue par son caractère engageant et être synonyme d’un apprentissage dynamique. En revanche, elle est censée être plus difficile à gérer en termes de temps et d’organisation.
Il va de soi que ces deux approches ne sont pas exclusives l'une de l'autre. C’est précisément parce qu’elles reposent sur des caractéristiques différentes que l'enseignant a intérêt à les utiliser alternativement, en fonction du point de grammaire, des différents styles d'apprentissage des élèves et des besoins de la classe.C’est pourquoi nous avons tenu à réserver une certaine place dans notre manuel à l’approche inductive. Voir, par exemple, les pages 42 et 43 du vol. 1 et les pages 78- 79 du vol. 2.
Dès lors que l’on adopte ces approches (ou d'autres encore), il est bon d'utiliser des tableaux et des cartes heuristiques, de même que des images (photos, dessins…), afin de rendre « visible » le fonctionnement de la langue. De cette manière, on stimule les capacités de réflexion et de synthèse, ainsi que la mémorisation. On trouvera des exemples aux pages 50, 67 et 160 du vol. 1, ainsi qu’aux pages 73 et 163 du vol. 2.
Face à la pluralité des stratégies, il convient, dans la mesure du possible, de recourir à l’approche contrastive, qui aide l’élève à repérer et à décrire les différences et les similitudes entre deux ou plusieurs langues. C’est dans la rubrique Remarquez ! que nous avons le plus souvent recouru à cette démarche (exemples aux pages 43 et 57 du vol. 2).Cette démarche permet non seulement à l’élève d’apprendre la langue cible, mais aussi de réfléchir sur le fonctionnement de sa langue maternelle et de s’ouvrir à la logique d’autres langues. Propice à la création d’interactions entre les élèves et à une ouverture interdisciplinaire, l’approche contrastive concourt à la création d’une compétence plurilingue et pluriculturelle que, par ailleurs, le CECR s'efforce de promouvoir.
Enfin, il est préférable que l'enseignement de la grammaire adopte un modèle de progression spiralaire. En d’autres termes, il s'agit de revenir systématiquement sur les concepts afin de les réactiver, de les élargir et de les approfondir. A cet égard, les activités de synthèse qui abordent simultanément plusieurs points grammaticaux se révèlent très utiles. Dans Français Pluriel, ces activités figurent à la fin des parcours « Étape grammaire » et sont intitulées « La grammaire à l’œuvre » (voir pages 29 et 99 du vol. 1 et pages 75 et 147 du vol. 2).Elles permettent de faire un bilan des connaissances, mais aussi de montrer à l'élève que la combinaison correcte des différentes règles de grammaire est indispensable pour créer du sens et donner naissance à un texte.