Dans une société où les adolescents aiment passer leur temps à surfer sur le net ou à communiquer sur les réseaux sociaux, la lecture se voit de plus en plus reléguée à une action solitaire et moins pratiquée par rapport aux autres loisirs.
Dans ce contexte, le rôle des enseignants et des formateurs est fondamental, ils peuvent véhiculer l’idée de la lecture comme pratique culturelle collective. L’acte de lecture peut en effet être proposé en classe comme un moment d’échange et de sociabilisation, où les élèves sont appelés à échanger et à partager leurs points de vue et leurs réflexions autour de certains sujets. Il est important de promouvoir un «nouveau» lecteur, qui soit actif et stimulé, non passif dans l’acte de lecture, un «lecteur-acteur», qui comble les blancs, les non-dits du texte. En particulier, dans le cas de la lecture littéraire, il faut donner la parole aux lecteurs, à leurs interprétations, car la lecture n’est pas un acte univoque, mais un phénomène polysémique.
Et dans le cadre de l’enseignement du FLE, pourquoi proposer la lecture d’un texte littéraire, même à des apprenants dont le niveau linguistique n’est pas élevé?
Plusieurs éléments nous permettent de répondre à cette question.
D’abord, la lecture littéraire favorise et développe la connaissance de la littérature de la part des apprenants (tant des classiques du patrimoine français ou francophone que des auteurs et des œuvres moins connues; pensons par exemple à la richesse de la littérature française de jeunesse). Ensuite, elle stimule également la découverte linguistique et développe le vocabulaire et les compétences linguistiques des apprenants. Pour cela, je me réfère à la classification des différentes compétences qui peuvent être développées à travers la lecture qui est proposée par Reine Berthelot dans son ouvrage intitulé Littératures francophones en classe de FLE. Pourquoi et comment les enseigner, où elle affirme l’importance de la littérature comme «réservoir des possibles de la langue, un espace où la langue est travaillée et se travaille1». À travers la lecture littéraire, les apprenants sont sensibilisés aux nuances de la langue, à sa musicalité, à son rythme, à l’imaginaire du texte.
À ce propos, je souligne l’importance de ne pas proposer le texte littéraire comme un simple document authentique parmi d’autres, comme un support dont l’objectif essentiel serait l’expérimentation de l’analyse du texte ou comme un prétexte pour apprendre une règle grammaticale, en tant que simple document fonctionnel.
Le texte littéraire permet d’explorer en classe de FLE la langue française et la culture francophone et il doit être considéré dans toute sa richesse (esthétique, linguistique, thématique, etc.).
Grâce à la lecture littéraire, on a la possibilité d’installer une véritable communication dans la classe, de stimuler la confrontation et la réflexion autour des thématiques adolescentes et sociales (la découverte de l’Autre, la différence dans toutes ses dimensions, le handicap, le vivre ensemble, la citoyenneté, etc.) et de proposer la littérature comme voie expressive et communicative.
En classe, on peut aider la rencontre entre l’adolescent et la lecture, à travers des activités collaboratives, coopératives (qui peuvent faciliter l’accès à l’acte de lecture, grâce à l’entraide) et créatives, afin de motiver et amuser les apprenants et promouvoir la lecture comme synonyme de plaisir.
Note bibliografiche
1 Reine Berthelot, Littératures francophones en classe de FLE. Pourquoi et comment les enseigner, L’Harmattan, 2011, p. 44.
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