L’impressionnisme fête ses 150 ans
Malgré le siècle et demi passé depuis sa naissance, l’impressionnisme se porte étonnamment bien ! On ne compte plus les expositions consacrées à ses grands chefs de file : Monet, Renoir, Boudin et tout récemment Caillebotte, peintre de la vie urbaine, actuellement à l’affiche avec les autres artistes au Palais Zarbella de Padoue jusqu’en mai.
Pourquoi fête-t-on l’impressionnisme en 2024 ? C’est le Musée d’Orsay qui nous l’explique : « Il y a 150 ans, le 15 avril 1874, ouvre à Paris la première exposition impressionniste. "Affamés d’indépendance", Monet, Renoir, Degas, Morisot, Pissarro, Sisley ou encore Cézanne ont décidé de s'affranchir des règles en organisant leur propre exposition, en dehors des voies officielles : l’impressionnisme est né. »
Néanmoins, cet acte courageux n’eut pas le succès espéré. En réalité ce fut un échec cinglant, malgré tous les soins apportés à son organisation. Le bilan final comporta une perte nette de 9 359,50 francs contre 949,20 francs de recettes.
De plus, l’exposition attira de violentes critiques dans les journaux. Parmi tant d’autres, le journaliste satirique Louis Leroy s’acharna surtout contre Monet et son tableau Impression, soleil levant, écrivant « puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l'impression là-dedans.» Le mot « impressionnisme » avait été créé. Et pourtant, ce terme universellement accepté aujourd’hui cache des ambiguïtés car il renvoie à un mouvement dont les artistes se démarquent par une vision, un parcours et un style différents. On va des intimités des intérieurs peints par Berthe Morisot, aux scènes des rues parisiennes de Gustave Caillebotte, aux marines d’Eugène Boudin aux cathédrales de Monet, aux danseuses de Degas pour ne parler que des sujets ! En réalité, l’élément catalyseur avait été le refus de se soumettre aux contraintes de la peinture académique. Mais cette unité momentanée arrive bientôt à son terme, chacun privilégiant sa carrière personnelle. Et pourtant le succès arrive au bout de cette saison heureuse ! Le marchand d’art Paul Durand-Ruel, qui avait acheté régulièrement les œuvres des impressionnistes malgré les critiques (« ces gens sont fous mais il y a plus fou qu'eux, c'est un marchand qui les achète[1] »), décide de porter outre-Atlantique 300 œuvres environ à la recherche d’un nouveau marché, pour sauver ses affaires. Son intuition se révèle gagnante car, grâce à Mary Cassatt, elle aussi peintre impressionniste, il touche les riches industriels américains qui assurent le succès de la peinture impressionniste. Durant sa carrière, il aura vendu 12.000 tableaux, dont 1.500 Renoir, 1.000 Monet, 800 Pissarro, 400 Degas.
Pour rendre hommage à cette aventure américaine, le Musée d’Orsay organise avec l’Orangerie et la National Gallery of Art l’exposition Paris 1874 : Inventer l’impressionnisme qui, après la capitale française, sera accueillie à Washington jusqu’en janvier 2025. La Région Normandie lance elle aussi un projet portant sur Impressionnisme et Tourisme pour inviter à visiter les lieux pérennisés par ces artistes.
[1] avait écrit un journaliste en 1874.
Referenze iconografiche: Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872, peinture à l'huile, Paris, Musée Marmottan Monet