Nos élèves sont bombardés par des milliers, sinon des millions de stimuli, pour la plupart sonores et visuels. Selon les études sur la mémoire à court terme (MCT), il est évident que la quasi-totalité de ces sensations disparaîtra au bout de quelques secondes ou minutes. Malheureusement, après quatre ou cinq heures d’affilée de notions que les différents enseignants essaient d’inculquer aux élèves, ces derniers auraient plutôt tendance à se défendre contre cette marée envahissante en s’évadant du contexte classe.
Le résultat est une double frustration : d’un côté l’élève qui n’apprend pas et de l’autre, l’enseignant qui ressent tout cela comme un échec personnel.
Pour surmonter cette crise il faut impliquer le geste qui, associé au mot, au concept et, pourquoi pas à la musique et au visuel, permet d’ancrer dans la mémoire à long terme (MLT) l’élément que l’on désire transmettre. Dans ce cas le stimulus arrive au cerveau à travers plusieurs neurotransmetteurs qui tous véhiculent le même concept sous des formes différentes. N’oublions pas que notre Jean-Jacques, pionnier de la marche pour mettre en route le cerveau et les idées, conçoit son célèbre discours sur les Sciences et les Arts pendant son chemin pour aller trouver Diderot enfermé à Vincennes :
« […] j’avais alors dans ma poche un Mercure de France que je me mis à feuilleter le long du chemin. Je tombe sur la question de l’Académie de Dijon qui a donné lieu à mon premier écrit. Si jamais quelque chose a ressemblé à une inspiration subite c’est le mouvement qui se fit en moi à cette lecture ; tout à coup je me sens l’esprit ébloui de mille lumières ; des foules d’idées vives s’y présentèrent à la fois avec une force et une confusion qui me jeta dans un trouble inexprimable ; je sens ma tête prise par un étourdissement semblable à l’ivresse. […] Tout ce que j’ai pu retenir de ces foules de grandes vérités qui dans un quart d’heure m’illuminèrent sous cet arbre, a été bien faiblement épars dans les trois principaux de mes écrits […]1 ».
Enfin, de nos jours, Steve Job a été un fervent défenseur de la marche pour résoudre des problèmes compliqués au lieu rester assis des heures devant un écran : « It is only ideas gained from walking that have any worth2. »
Cette remarque est confirmée en 2014 par une enquête de la Stanford University qui signale que cette pratique était appliquée aussi par Darwin, Nietzsche, Dickens et Beethoven3.
Donc pourquoi ne pas l’appliquer en classe en associant technologie et gestualité ? Au collège ce ne sont pas les clips vidéo qui manquent pour stimuler cette activité conjointe. Par exemple les clips : Tête, épaules, genoux et pieds ou Bonjour, mes amis où l’on associe à chaque expression un mouvement différent des mains ou du corps. Pour le lycée, TV5MONDE offre des clips d’exercices avec des rappeurs comme Soprano ou des clips qui nous parlent aussi d’éducation civique comme le célèbre clip officiel d’Idir La France des couleurs. Dans ces cas, le simple fait de répéter le geste renvoie directement la mémoire au mot avec sa phonétique correcte. À vrai dire, il faut aussi aménager la salle de classe de façon à créer un espace plus large et convivial pour que les élèves puissent bouger sans crainte. À remarquer aussi que l’enseignant prend part lui/elle aussi au jeu proposant les gestes à accomplir tous ensemble. Du coup la notion de classe disparaît pour laisser la place à un groupe de copains engagés dans une activité ludique.
[1] Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions
[2] Seules les idées surgies en marchant ont une véritable valeur. [N.d.A.]
[3] financialpost.com, Going for walks improves creative thinking
Referenze iconografiche: Kzenon/Shutterstock