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Marcel Marceau, le prince du silence

Scritto da Cecilia Cohen Hemsi Nizza | mar 8, 2023

C’est ce que se propose Marcel Marceau en 1947, quand il fonde sa propre compagnie, la Compagnie Marcel Marceau, consacrée aux mimodrames et aux pantomimes, justifiant ainsi le choix du silence : « La parole n'est pas nécessaire pour exprimer ce qu'on a sur le cœur ». À partir de sa biographie1, on pourra mieux en comprendre le sens.
C’est ainsi que naît le personnage de Bip2, le Clown qui fera de lui une célébrité internationale, devenant son alter ego, comme Charlot pour Charlie Chaplin, qu’il a connu quand il était enfant et qui sera tout pour lui, le père qui a été déporté, le pauvre, vu qu’il est fils d’un boucher. Pour lui, « Bip est un personnage intemporel, tout en étant proche de mes rêves d'enfants […]. Il est tout ensemble l'homme de la rue, un vagabond du quotidien et l'homme universel affrontant le tragi-comique de l'existence… […], se montrant dans la nudité et la fragilité de son être ».

Marcel Mangel, son vrai nom de famille, est né à Strasbourg le 22 mars 1923 dans une famille juive d’origine polonaise. Au début de la Seconde guerre mondiale, toute la population strasbourgeoise est évacuée. La famille Mangel s’installe enfin à Limoges3. Marcel poursuit ses études au lycée local, mais en même temps il suit des cours à l’école des arts décoratifs. Le proviseur de l’école, Joseph Stork, s’engage à protéger les élèves juifs ; pour cela il sera reconnu comme « Juste parmi les nations » par Yad Vashem.
En 1942, Marcel est moniteur de théâtre en Haute-Vienne et à la maison d’enfants du couple Hagnauer à Sèvres, un internat qui cache une centaine d’enfants juifs. Marcel leur donne des cours de théâtre pour leur permettre de réprimer la peur. Avec son cousin, George Loinger4, il participe aussi à la fuite d’une trentaine d’enfants vers la Suisse, décidant aussi de le suivre dans la Résistance avec son frère, Simon.
C’est à ce moment qu’il assume le nom de « Marceau », s’inspirant du recueil Les Châtiments5 de Victor Hugo, où le poète écrit : « Joubert sous l’Adige, Marceau sous le Rhin ».
Depuis 1942, même dans la soi-disant France Libre, les déportations des juifs ont commencé. Le 7 mars 1944, le père de Marcel est déporté à Auschwitz où il est assassiné. Quand finalement, en 1944, la France est libérée, Marcel s’engage dans l’armée du Général de Lattre, participant à la campagne d’Allemagne.
La guerre terminée, il entreprend une longue carrière couronnée de succès, en portant l’art du mime sur les scènes du monde entier, en surmontant les barrières linguistiques grâce au choix du silence. Un silence en hommage à son père, à tous les disparus, à tous ses camarades résistants, à toute l’humanité soumise à l’injustice, la haine et l’oppression.
En 1978, il crée à Paris l’École Internationale de Mimodrame, adressée aux élèves de 18 à 25 ans, dans la conviction que l’art peut devenir le point de rencontre de toutes les cultures.
Il a reçu pendant sa carrière de nombreux hommages et distinctions, notamment celle d’Officier de la Légion d’honneur.
Marcel meurt le 22 septembre 2007 à Cahors.

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